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Entre nécessité et ambition, exemple d’une entrepreneuse en RDC

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 31 jan 2019
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Toutes proportions gardées, visiter Lubumbashi sans passer par Kamalondo, c’est comme se rendre à New York sans s’arrêter à Times Square. Située dans le sud du centre-ville, « la cité de l’ambiance », comme l’appellent les « Lushois », revendique d’ailleurs le statut de wantanshi (« la première de toutes », en lamba), c’est-à-dire la première des sept communes de la capitale provinciale. Elle est la moins étendue, mais c’est celle qui bouge et compte le plus.

Selon une estimation de 2014 du ministère de l'industrie et des MPME de la RDC, il y avait 6 000 entreprises dirigées par des femmes.Régine Kapinga, 40 ans, diplômé d’état (BAC) est chef d’atelier et propriétaire d’une menuiserie semi-industrielle à Kamalondo, où elle emploie 4 menuisiers. Son chiffre d’affaires mensuel qui dépend des ventes de ces produits varie entre CDF 750 000 et CDF 1 000 000 ($469 – $625 USD).Pour la plupart des Congolaises, l'entrepreneuriat est une nécessité, les propriétaires de micro-entreprises n'ont pas d'autre choix que d'établir leur propre entreprise pour joindre les deux bouts et éviter le chômage. 

Malgré le fait que Régine habite en ville et qu’elle ne fasse pas partie de la couche la plus vulnérable de la population, elle n’a pas accès aux services financiers formels qui pourraient à la fois lui permettre de développer et de sécuriser son activité artisanale.Comme la plupart des MPME informelles, elle ne tient pas de registres, donc ne peut pas prouver aux institutions financières qu'elle est financièrement solvable et qu’elle reçoit des paiements réguliers. 

Régine est membre active de l’association FECO (Femme entrepreneur de la COPEMECO) depuis plusieurs années, où elle reçoit des conseils et elle participe dans plusieurs groupes de Kikulumba (tontine), organisés avec des niveaux de cotisation qui varient entre CDF 30 000 et 80 000 ($19 et $50) par semaine.

« Ces « Kikulumba » sont très importants pour moi, car ils me permettent d’épargner et d’investir ».

Elle dispose d’un téléphone et connait assez-bien les services proposés par les opérateurs de mobile money, qu’elle utilise de temps à autres pour recevoir certains paiements de clients et envoyer de l’argent aux proches. 
Régine souhaite se faire connaître davantage en vendant plus, y compris au-delà de Lubumbashi, même si sa situation de mère célibataire l’empêche parfois de saisir des opportunités d’affaire. Pour développer son activité de menuiserie, elle a besoin de constituer un plus grand stock de bois bruts pour tenir toute l’année notamment pendant la saison sèche où le bois se fait rare. La conjonction des difficultés de l’environnement des affaires (trop de taxes, inflation, dévalorisation du franc congolais), la mauvaise volonté des clients et l’accès limité aux crédits bancaires sont selon elle, les principaux freins au développement de son activité.

Il est plutôt ironique de constater que, malgré le rôle important joué par les 6,1 millions de MPME en RDC et malgré leur potentiel de croissance, ils sont les plus limités lorsqu'il s'agit d'accéder au crédit. Or il semble qu’il existe des opportunités de lier ce secteur informel et le secteur financier pour commencer à créer des profils clients tout en combinant les informations de transferts P2P, les historiques de crédit téléphone et data, l'utilisation des réseaux sociaux.Tant que les MPME n’auront pas plus d’incitation à numériser leurs flux de trésorerie, les banques continueront à facturer des taux d'intérêt élevés et à demander des garanties liquides ou immobilières pour couvrir leur risque et les MPME continueront à travailler avec des mécanismes informels comme les Kikulumbas qui leur permettent certes une progression, mais à un rythme plus lent.

 

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