Aller au contenu principal

Paydunya, le paypal africain

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 28 mar 2019
  • 1726
  • 0
  • 5 min.
  • |
  • |

L’ère numérique que nous traversons présentement a apporté bien des changements parmi lesquels la transformation digitale qui est presque devenue incontournable pour qui veut rester compétitif dans un marché en constante évolution. Les entreprises aussi bien occidentales qu’africaines comprennent progressivement la nécessité de passer au digital que ce soit pour révolutionner leur métier, développer de nouvelles activités ou encore renforcer leur positionnement sur le marché.

Nous avons rencontré un brillant jeune homme qui a saisi l’importance et les avantages d’une transformation digitale et  s’est donné pour mission de créer et développer  le « Paypal » africain. Aziz Yérima, co-fondateur de Paydunya, une fintech qui propose  des solutions de paiement digital aux entreprises.

paydunyaPouvez-vous vous présenter?

Je me nomme Aziz Yérima. Je suis co-fondateur et CEO de Paydunya. Je suis Béninois. Je vis au Sénégal depuis 7 ans. Je suis ingénieur en télécommunications de formation et je me suis lancé dans l’entrepreneuriat depuis bientôt 4 ans.

Pouvez-vous nous présenter Paydunya?

Paydunya est une structure, une fintech qui propose  des solutions de paiement digital aux entreprises, des solutions de paiement digital B to B.
A la base, c’est une entreprise qui permet aux entreprises africaines de pouvoir intégrer un moyen de paiement sur leur site web permettant ainsi à leurs clients d’effectuer des transactions depuis les moyens de paiement locaux les plus utilisés notamment le mobile money, les services de transfert d’argent mais également les cartes bancaires. Elle permet donc à tout africain de s’y retrouver et même la diaspora.

Pourquoi avoir créé Paydunya?

Nous étions dans une association estudiantine dans laquelle nous aidions des dames basées à Pikine, une ville du Sénégal, à commercialiser les produits qu’elles vendaient. En vue de mieux les accompagner, nous avions décidé de développer un site web sur lequel leurs produits seraient exposés donnant ainsi la latitude aux clients d’effectuer leurs achats. Malheureusement nous avons été confrontés à la problématique des paiements. En effet, les commerçantes avaient des clients qui étaient basés à Dakar, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Nous avons alors pensé à intégrer Paypal qui est « LA » solution de paiement en ligne. Cependant, notre position géographique (Dakar) ne nous le permettait pas. Par ailleurs, Paypal qui utilise majoritairement un système de carte bancaire, s’est révélé ne pas être la solution la plus adaptée dans notre cas, le taux de bancarisation au Sénégal étant très faible. C’est ainsi que nous avons décidé de créer notre Paypal africain : Paydunya.

Pourquoi le nom Paydunya?

Pay est un mot anglais qui signifie « payer »  et Dunya, un mot arabe qui fait référence au « monde, à la terre, la vie ici-bas ». A travers le nom Paydunya, nous voulions refléter notre ambition de permettre à toutes les entreprises qui opèrent en Afrique de faire du business à travers le monde et de se faire payer peu importe le pays d’origine. En gros, c’est une solution de paiement unique qui permet à tout africain d’effectuer des transactions digitales sur internet.

A qui s’adresse Paydunya

Notre client aujourd’hui, c’est l’entreprise ou tout acteur qui veut digitaliser ses paiements (collectes et déboursements)  via des canaux purement digitaux. Ce sont ainsi les institutions financières (les assurances et les microfinances), les plateformes de e-commerce et d’e-service, les gouvernements.

Quelle est la spécifité de Paydunya?

Paydunya  est un pionnier dans le secteur. En effet nous avons développé la première plateforme en Afrique francophone qui permet l’interopérabilité  via une plateforme unique. Par ailleurs, nous accordons une importance capitale à la satisfaction de nos clients qui demeurent au cœur de toutes nos activités. Pour cela, nous avons de produits adaptés à chacun d’eux.

Paydunya en quelques chiffres?

Paydunya, c’est 1 100 000 transactions effectuées en 2018.
C’est 4 milliards de FCFA émis et plus de 200 clients en entreprise qui nous font confiance.

Quels sont les principaux challenges auxquels vous avez fait face depuis la création de Paydunya?

Nous avons rencontré divers challenges. En premier lieu, nous évoquerons la difficulté pour initier des partenariats avec des entreprises qui sont pour la plupart des mastodontes sur le marché (les opérateurs de mobile money, de transfert d’argent ou les banques) et  qui par leur position de leader n’ont pas forcément envie ou ne sentent pas le besoin de s’associer avec une toute petite entreprise qui pourrait s’ériger en concurrent. Très souvent ceux-ci ne comprennent pas forcément ce que nous faisons ou ambitionnons de faire. Heureusement, les relations des dernières années ont commencé à s’améliorer. En deuxième lieu, nous nous heurtons souvent à une clientèle à qui l’on doit faire essayer de changer ses habitudes, les paiements digitaux balbutiant un peu encore. En effet, le client habitué à faire ses transactions en espèces ne fait pas facilement la transition. Notre concurrent interne demeure « le cash ». Nous essayons de dématérialiser la plupart des paiements faits en espèce.

Aussi la  régulation et la règlementation se trouvent être des challenges. En effet, il n’existe pas de cadre de règlementation clairement défini pour des acteurs comme nous. Nous apprécions tout de même l’ouverture d’esprit de la banque centrale qui  nous laisse mener nos activités sans toutefois oublier de fixer des limites et en nous donnant des instructions.  Cela est beaucoup plus intéressant que dans d’autres zones ou le régulateur demande simplement l’arrêt de la pratique. Nous croyons qu’aujourd’hui, la banque centrale a conscience  notre valeur ajoutée sur le marché.

En dernier lieu, les ressources humaines qui représentent aussi un challenge dans la mesure où ce n’est pas chose facile de trouver les bons profils qui correspondent directement à ce que nous recherchons d’autant plus que ce secteur est tout nouveau. 

Quelles sont les prochaines étapes pour Paydunya?

Etant implanté au Sénégal depuis 4 ans, ayant un véritable vécu et fort d’une équipe solide qui a su appréhender les différents challenges auxquels nous avons été confrontés, le moment est venu pour nous de sauter le pas pour devenir une multinationale. Ainsi, nous envisageons de nous implanter dans la sous-région, avec priorité naturellement pour l’Afrique francophone. Ensuite nous penserons à enchérir notre offre de service.

Quel est selon vous, le secret d’une transformation digitale réussie ?

Une transformation digitale réussie  passe par beaucoup plus que de la volonté. Il est important de pouvoir accepter le changement et le mettre en œuvre. Aujourd’hui, de nombreux projets ont été déployés techniquement mais il existe encore en interne, au sein des équipes, des entreprises, des résistances. Dans des conditions pareilles, les chances de réussite sont minimes parce que la transformation n’a pas été comprise et adoptée par tous. Le vrai succès réside en l’acceptation du concerné, du bénéficiaire.

Réagir
0 commentaires