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Le digital au service des agriculteurs, success story de Marie-Joseph en Côte d’Ivoire

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 22 oct 2021
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Le digital au service des agriculteurs, success story de Marie-Joseph en Côte d’Ivoire

Par Parfait Séka, Septembre 2021

Marie-Joseph-Atieke

Née en 1951 à 45 km d’Abidjan dans le village de Memni, Marie-Joseph entre au Cafop en 1974 pour devenir institutrice. Elle a exercé dans différentes villes avant d’arriver à  Abidjan.
Dévouée et battante, elle décida alors, pour arrondir les fins de mois et financer certaines dépenses, de se lancer dans la  culture du vivrier et commercialisa une petite partie sans  réelle organisation ou volonté de développement. Elle ajouta le commerce des jus locaux, fruits et légumes, yaourt et chips à une clientèle basée dans son quartier. Sans application digitale, sans smartphone, sans service de livraison ou de mobile money,  elle faisait tout elle-même. Cela lui demandait une grande organisation et surtout du temps. Elle aimait son activité,  mais les résultats n’étaient pas à la hauteur de l’énergie dépensée.
 

marie-joseph Atieke packing

Désormais à la retraite, elle envisage de passer à l’échelle en produisant et commercialisant de l’attiéké. Très prisé en Côte d’Ivoire, l’attiéké est un produit qui s’exporte bien  et connaît donc une forte demande. Pour répondre à la demande qui a commencé à croître,  elle était obligée de faire de nombreux allers-retours à la recherche de matière  première (le manioc) de qualité à Memni et dans les villages environnants. 

Après l’arrivée du digital et du mobile money, Marie-Joseph était tout d’abord assez réfractaire à son utilisation. Pour elle, Internet rimait avec cybercriminalité et activité illégale. Comme beaucoup de personnes de sa génération, elle n’avait absolument pas confiance en internet. Tout ce qui était  présenté comme pour lui simplifier la vie ne pouvait être sans risque. Elle en interdisait d’ailleurs l’accès à ses propres enfants.
Pourtant, l’évolution de ses activités et les contraintes de déplacements lui ont finalement imposé les canaux digitaux et les services rattachés.
Heureusement, ses proches ont pris le temps de lui expliquer comment ça marche, tout ce qu’elle pouvait faire grâce au digital et surtout sans risque. Elle a pu regarder l’évolution des services à travers des vidéos .
Désormais convaincue, les enfants de Marie-Joseph lui ont offert  un smartphone.
 

marie-JosephSmartphone

Aujourd’hui, grâce à une bonne éducation financière et entrepreneuriale, elle a pu avoir les bonnes informations et a su utiliser les bons leviers pour faire évoluer son activité. L’éducation financière est primordiale pour accompagner les producteurs notamment les femmes dans le bon développement de leur activité.
 

marie-Joseph Smartphone

 Aujourd’hui, elle reconnaît que l’utilisation du digital à tous les stades de son activité lui fait gagner beaucoup de temps et lui permet d’être plus efficace. Par exemple, elle utilise le téléphone pour se connecter sur Whatsapp et Facebook qu'elle utilise pour rester en contact avec ses enfants,  pour recevoir des images et faire des choix sans se déplacer, pour valider les commandes de matières premières, ou faire acheter les intrants qui entrent dans la composition de l’Attiéké. Elle a acquis une place au marché pour distribuer son attiéké à plus grande échelle.

Avec le mobile money, son activité s’est agrandie davantage avec de nouveaux partenaires qui ont permis d'accroître son champ d’action. Elle valide la matière première directement au téléphone ou discute avec ses fournisseurs pour s’assurer de la qualité du produit. Le digital lui permet aussi d’envoyer de l’argent pour payer ses fournisseurs et les frais de livraison. Avec le mobile money, elle envoie aussi de l’argent à ses proches et assistants ou s’en sert pour recevoir le règlement de ses clients. Elle n’a donc plus besoin de se déplacer et peut dédier le temps économisé à une autre activité.

Grâce à l’utilisation du mobile money, son activité s’est développée, son chiffre d’affaires s’est accru avec plus de rentabilité et lui a permis d’embaucher quatre personnes permanentes (essentiellement des femmes), de financer la scolarité de ses petits-enfants et d'entretenir sa maison. Ses collaboratrices, ont également bénéficié de son utilisation du digital, elles ont été sensibilisées et utilisent elles-même le mobile money pour envoyer de l’argent à leurs parents. Elles savent qu’il faut épargner pour pouvoir envoyer de l’argent, et ont appris les bases de l’éducation financière.

Marie-Joseph cherche aujourd’hui des financements pour étendre davantage son activité et pour prendre en charge une grande partie du cycle de production de cette denrée (depuis la culture du manioc jusqu’à la commercialisation des produits qu’on en tire).  Après ce long chemin parcouru, est ce que sa nouvelle utilisation des services financiers digitaux la poussera à demander un crédit via son téléphone pour faire grandir son activité?

 

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