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Transformer le secteur du cajou en Côte d'Ivoire : une approche "phygitale" pour favoriser l’autonomie des femmes

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 29 juil 2024
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La scène se déroule à Bouaké, en Côte d'Ivoire. Près d'une exploitation de noix de cajou, des agricultrices sont rassemblées autour d'une femme qui les guide dans l'utilisation d'une application mobile. Les productrices sont à la recherche de moyens plus efficaces pour vendre leurs noix de cajou à des prix compétitifs. Ce type de scène est de plus en plus fréquent à Bouaké, grâce à Wi-Agri. Consciente du rôle essentiel mais insuffisamment soutenu que jouent les femmes dans la chaîne de valeur du cajou en Côte d'Ivoire, Wi-Agri a conçu une approche "phygitale", qui combine la technologie numérique à une assistance sur le terrain dans le cadre de son programme Digifemmes. Grâce à une bonne compréhension des défis auxquels sont confrontées les femmes rurales ivoiriennes, souvent déscolarisées (de force ou parfois par choix) et chargées de couvrir les frais du ménage, Wi-Agri a été en mesure de développer des produits véritablement conçus pour elles.

Bilan mitigé pour le secteur de la noix de cajou

La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de noix de cajou, avec une production annuelle avoisinant le million de tonnes. La production nationale commercialisée a augmenté de 19 % pour atteindre 1 225 935 tonnes en 2023. Derrière cette réussite se cache une armée de travailleurs à la tâche laborieuse, dont 500 000 producteurs, parmi lesquels 20 % de femmes. Ces agriculteurs sont chargés des premières étapes de la chaîne de valeur, qui nécessitent un travail physiquement exigeant et chronophage. Cependant, le fardeau de la production ne se limite pas au champ.  De nombreux agriculteurs, en particulier les femmes, ont du mal à accéder à un financement abordable pour acheter des intrants et des outils qui pourraient améliorer l’efficacité de leurs méthodes de culture. De manière générale, le secteur est marqué par l'instabilité des prix, les problèmes de qualité des noix, le manque de liquidité et le manque de structuration des acteurs. Ces problèmes s'ajoutent aux obstacles auxquels les femmes sont déjà confrontées, ce qui rend leur progression économique difficile.

Le manque de temps empêche les agricultrices de se consacrer pleinement à la gestion de leurs plantations 

En milieu rural, la plupart des femmes assument la responsabilité de la gestion des dépenses du ménage. Cependant, leur activité ne constitue généralement pas la principale source de revenus et elles peuvent avoir des difficultés à accéder au financement. Bien qu'elles contribuent activement à la culture et à la transformation des noix de cajou, les efforts qu'elles déploient pour couvrir les dépenses alimentaires du ménage et gérer les dépenses supplémentaires mettent en évidence les responsabilités économiques disproportionnées qui leur incombent.

Les femmes trouvent un soutien économique dans des réseaux communautaires solides

Les femmes participent activement à des groupes d'épargne et d'entraide, communément appelés AVEC ou tontines, et ont recours à ces canaux pour obtenir un soutien financier, étant donné leur accès limité aux services bancaires formels. Par exemple, lorsque le mari d'une participante à un groupe de discussion est tombé malade et s’est retrouvé dans l’incapacité de travailler, celle-ci s'est tournée vers son groupe d'épargne (AVEC) pour obtenir un prêt afin de couvrir les frais de scolarité de leurs enfants. Elle appartient également à un groupe d'entraide qui l'aide à défricher et à entretenir ses champs, car elle n'a pas les moyens d'embaucher des ouvriers.

Les femmes ont moins accès aux outils financiers numériques

L’augmentation de l'utilisation du mobile money en Côte d'Ivoire permet à un nombre croissant d’agriculteurs d'effectuer des transactions plus facilement. Mais l’accès des femmes aux téléphones mobiles accuse toujours un retard par rapport à celui des hommes, or c’est un outil indispensable pour accéder aux services numériques, notamment aux services financiers numériques. Cette disparité est due à plusieurs facteurs, notamment une culture numérique limitée, qui découle souvent de barrières socioculturelles, un accès restreint aux services d'éducation et de formation, et la prédominance de rôles traditionnels liés au genre qui limitent leur exposition à la technologie. Le manque de ressources financières est un obstacle de plus à l'achat de téléphones portables. Cependant, les femmes ont adopté le mobile money pour leurs transactions, ce qui témoigne d'une évolution vers des solutions financières numériques malgré les craintes de fraude et les préoccupations quant à l'équité de traitement dans le cadre d'initiatives financières collectives. En Côte d'Ivoire, l’écart entre les hommes et les femmes pour la détention de produits de mobile money était de 27 points de pourcentage en 2021.

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