Sécurité alimentaire : Que se passe-t-il dans l’agriculture et le commerce de proximité pendant le confinement de l’Inde ?
Akhilesh Singh et Manoj K. Sharma
Suite à la pandémie de COVID-19, l’économie mondiale sera touchée à hauteur de 1 000 à 4000 milliards de dollars, selon l’organisme auquel vous souhaitez vous fier. Qu’est-ce qui sous-tend ces chiffres ? Quel est l’impact sur l’agriculture et les micro-entreprises ?
Des recherches qualitatives préliminaires sur l’impact du confinement en Inde fournissent des indications précieuses sur ce qui nous attend. Pour la plupart des habitants du pays, le lockdown est synonyme de confinement à domicile. Les exceptions concernent les fonctionnaires du gouvernement et quelques services jugés « essentiels ». Tous les transports publics – routiers ferroviaires et aériens – restent suspendus, tandis que les transports privés sont strictement réglementés.
Dans cet article, nous avons regroupé les micro-entreprises en quatre grandes catégories.
L’impact est important et tout laisse à penser que la situation n’a pas fini d’évoluer.
Poursuivez votre lecture pour une analyse plus détaillée et plus nuancée de l’agriculture et des secteurs connexes, ainsi que du secteur des commerces et services de proximité.
Nous avons divisé l’agriculture et les secteurs connexes en trois sous-secteurs :
À l’heure actuelle, même si la consommation de lait a baissé (il faut se rappeler que la plupart des pâtisseries et restaurants sont fermés), l’intermédiaire achète tout le lait, en vend une partie et transforme le reste en ghee (beurre clarifié). Cependant, comme le beurre clarifié ne peut pas être vendu au rythme auquel il est produit, l’intermédiaire ne sera pas en mesure de continuer de payer les agriculteurs pendant longtemps, car ses flux de trésorerie seront limités. Par conséquent, les producteurs laitiers verront un impact plus important dans les jours à venir, car il y a une limite à la quantité de lait qui peut être transformée en ghee et en lait en poudre.
Implication : dans un premier temps, le gouvernement devrait inciter les grandes laiteries, en particulier celles du secteur coopératif, à continuer d’acheter du lait sur le marché, à le transformer en ghee ou en lait en poudre et à continuer de payer les agriculteurs. L’économie rurale risque sinon d’être gravement touchée.
Quelque peu inquiets, ils espèrent toujours que l’administration s’arrangera pour vendre leurs produits sur le marché et qu’ils en obtiendront un bon prix. En revanche, les agriculteurs qui se consacrent à la culture des fleurs sont très touchés. La demande de fleurs s’est effondrée, car les temples et les lieux de culte ont fermé, tout comme les fleuristes.
Implication : les mandis, qui sont des marchés de gros de céréales, de fruits et de légumes, doivent rester en activité et les agriculteurs doivent pouvoir trouver des moyens de transport pour leurs produits. Les agriculteurs, en particulier ceux dont les récoltes sont arrivées à maturité, devraient être autorisés à les récolter et à acheminer leurs céréales vers le marché. La disponibilité de la main-d’œuvre agricole est un problème, mais les agriculteurs arriveront probablement à se débrouiller avec leur famille pour récolter les cultures sur pied dans les champs. Si l’État peut faciliter le transport entre les exploitations et le marché, nous pourrions voir le stress rural actuel se réduire quelque peu. Dans le cas contraire, non seulement les agriculteurs seront incapables de rembourser leurs dettes, mais le prochain cycle de culture sera également affecté. De plus, les prix des céréales alimentaires augmenteront si les récoltes n’arrivent pas sur les marchés.
Implication : le gouvernement devra autoriser la circulation des produits agricoles essentiels (semences et engrais) pour que la chaîne d’approvisionnement puisse rester opérationnelle, à la fois pour fournir des intrants aux agriculteurs et pour maintenir l’approvisionnement alimentaire. Bien que les gouvernements des États aient été vigilants à cet égard, l’équation économique de l’offre et de la demande continue de s’appliquer et les prix des céréales alimentaires ont commencé à augmenter. Dans un climat de thésaurisation motivé par la peur, le maintien de prix alimentaires normaux sera une tâche herculéenne. Il reste à espérer qu’une bonne récolte permette de limiter la montée des prix.
Implication : la reconstitution des stocks des commerces de proximité nécessitera un fonds de roulement supplémentaire. Les banques et les IMF disposeront-elles des liquidités nécessaires pour répondre à ce besoin ? Cela dépendra en grande partie des mesures de soutien du gouvernement central et de la Banque de Réserve de l’Inde. Pour l’instant, un moratoire de trois mois, qui ne s’applique pas aux sociétés financières non bancaires (ou NBFC, qui sont le premier recours de ces commerces de proximité) est nettement insuffisant. Pour que l’économie informelle puisse survivre, la RBI devra annoncer un moratoire de six mois et y inclure les NBFC et IMF-NBFC. Comment l’argent pourra-t-il sinon se diriger vers l’économie informelle ?
Implication : ces entreprises risquent d’avoir besoin d’un fonds de roulement supplémentaire, au moins pour certaines d’entre elles. Pour celles qui ont des prêts en cours, le mieux est de rééchelonner les paiements et d’allonger la durée de remboursement. La fréquentation de ces commerces de services augmentera progressivement et les recettes resteront modérées pendant encore un certain temps. Étalez la durée des prêts et priez !