Au cours des vingt dernières années, le Mobile Money africain a connu une croissance rapide. Porté par l’innovation des opérateurs télécoms dans un continent encore largement sous-bancarisé, ce service est devenu incontournable pour de nombreux usages, aussi bien domestiques que professionnels. Avec un potentiel encore loin d’être pleinement exploité, le Mobile Money attire désormais l’intérêt croissant de nouveaux acteurs financiers mondiaux, bien décidés à capter une part de cette dynamique.
L’Afrique est aujourd’hui le laboratoire mondial du Mobile Money. Avec plus d’un milliard de comptes enregistrés en 2024, le continent concentre plus de 70 % des transactions mondiales de monnaie mobile, représentant un volume de 1 100 milliards de dollars, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). Cette vitalité suscite l’intérêt de nombreux géants financiers internationaux, tels que MasterCard, Visa, PayPal ou encore de grands fonds d’investissement.
Pourquoi un tel engouement ? Ces acteurs cherchent à profiter d’un marché en pleine expansion, à se positionner comme des leaders de l’inclusion financière, à tirer parti des opportunités liées au commerce électronique dans le contexte de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), et à renforcer leur présence face à la concurrence mondiale.
Un marché colossal et en pleine croissance
La première raison de cet engouement réside dans la taille et le dynamisme du marché. En 2024, le volume et la valeur des transactions par Mobile Money ont progressé respectivement de 22 % et 15 %. Des pays comme le Kenya, le Ghana ou la Côte d’Ivoire illustrent cette transformation. Une grande partie de la population y utilise désormais le téléphone mobile pour envoyer, recevoir ou stocker de l’argent.
Au Kenya, les abonnements au Mobile Money ont augmenté de 7,3 % au 31 mars 2025, atteignant 45,4 millions d’utilisateurs, soit un taux de pénétration de 86,6 %. Au Ghana, le nombre de comptes Mobile Money enregistrés a atteint 74,1 millions début 2025, contre 66,9 millions à la même période en 2024. En Côte d’Ivoire, 27,7 millions de comptes étaient déjà actifs au 31 mars 2025.
MasterCard, qui a multiplié les partenariats en Afrique depuis 2019, a notamment pris des participations dans les divisions fintech d’Airtel Africa et MTN Group. Son objectif : s’implanter dans un écosystème où les cartes bancaires traditionnelles peinent encore à convaincre. Selon le rapport « Digital Banking in Sub-Saharan Africa » de BPC et Fincog, 57 % des Africains ne détenaient aucun compte bancaire en 2021. Dans des pays comme le Nigeria, l’Éthiopie, la Tanzanie ou la République démocratique du Congo, le taux de bancarisation oscillait alors entre 25 % et 47 %.
L’Afrique en 2024 c’était déjà 178 services Mobile Money opérationnels pour près de 280 millions de comptes actifs chaque mois.