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L’Afrique marginalisée dans l’explosion des financements IA

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 01 sept 2025
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Alors que l’intelligence artificielle continue de capter l’attention des investisseurs du monde entier, l’Afrique reste largement absente de cette dynamique. Au deuxième trimestre 2025, les startups IA ont levé plus de 47 milliards de dollars à l’échelle mondiale, un montant équivalent à près de la moitié des fonds de capital-risque investis dans tous les secteurs confondus. Mais sur cette somme colossale, les jeunes pousses africaines n’ont récolté que 14 millions de dollars, soit 0,02 % du total mondial. Un chiffre qui traduit brutalement l’écart croissant entre les continents dans la course technologique.

Les États-Unis, de loin les plus actifs, concentrent la majorité des investissements avec près de 40 milliards de dollars levés à travers plus de 700 transactions. En Europe et en Asie, le dynamisme est aussi manifeste, avec des dizaines de deals représentant plusieurs milliards. Même des régions moins centrales comme l’Océanie ou l’Amérique latine surpassent largement l’Afrique, pourtant souvent présentée comme « le prochain marché émergent ».

Ce retard est d’autant plus préoccupant que les applications de l’IA pourraient répondre à des besoins critiques sur le continent, notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture ou de l’éducation. Quelques rares initiatives tentent de combler ce vide, comme la startup sénégalaise Kera Health, qui utilise l’intelligence artificielle pour aider les médecins à mieux prendre leurs décisions cliniques. En Égypte, Infilink s’illustre dans le secteur des semi-conducteurs, un domaine encore très peu exploité en Afrique. Mais ces cas restent isolés.

La faiblesse des investissements n’est pas seulement une question de manque d’idées ou de talents. L’accès limité aux infrastructures, à l’énergie et à une main-d’œuvre formée en IA pèse lourdement. De plus, les grandes plateformes technologiques tendent à centraliser les ressources dans les régions déjà en avance.

Dans ce contexte, des pays comme la Namibie tentent de poser les bases d’une politique publique. Son récent rapport d’évaluation sur la préparation à l’IA, inspiré par les recommandations de l’UNESCO, affiche des ambitions claires. Le gouvernement y souligne l’importance de rendre l’IA utile aux zones rurales, aux agriculteurs et aux systèmes éducatifs. Mais les critiques pointent le manque de mesures concrètes, appelant à un passage rapide de l’analyse à l’action.

Si l’Afrique veut exister dans la révolution de l’intelligence artificielle, elle ne pourra pas se contenter d’être spectatrice. Il lui faudra investir, former et bâtir ses propres infrastructures, sous peine de rater, une fois de plus, le train de l’innovation mondiale.

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