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Prix Margaret 2023 : les femmes dans la Tech face au défi du financement

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 25 avr 2023
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En 2022, les startups fondées par des femmes en Afrique n'ont levé que 22 % du total des tours d'equity en volume, selon Partech Africa. Lors de la cérémonie de remise des Prix Margaret 2023, le 17 avril à Paris, l'accent fut précisément porté sur les financements des initiatives Tech conduites par des femmes européennes et africaines en quête de parité numérique

Depuis déjà 11 ans, la Journée de la Femme Digitale (JFD) représente un accélérateur de croissance pour les femmes qui changent le monde grâce à la Tech, et les Prix Margaret axés sur l'éducation et la formation, l'empowerment et l'accès au financement, accompagnent leur montée en puissance, en Afrique et en Europe », rappelait Delphine Rémy-Boutang, la Business Angel et fondatrice de la Journée de la Femme Digitale (JFD), lors de la présentation des finalistes du prix Margaret 2023 (en hommage à Margaret Hamilton, ex-directrice du département génie logiciel au sein du MIT Instrumentation Laboratory, qui a conçu le système embarqué du programme spatial Apollo), dans la matinée du 17 avril, à Paris.

Lancée en 2012, l'initiative placée sous le haut patronage de la présidence de la République française avait mis le financement au cœur de cette édition intitulée « Invest in Her », et c'est en présence de Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications et d'Isabelle Rome, la ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, mais aussi des partenaires comme Eramet, La Poste Groupe, la Caisse des Dépôts, Carrefour, Mastercard, Google, AXA, Printemps, Meetic ou encore La French Tech, que les noms des lauréates 2023 des Prix Margaret ont été révélés.

Dans la soirée, plus de 500 décideurs du monde de l'investissement, de l'entrepreneuriat, et de l'éducation étaient attendus boulevard de Grenelle dans le 15e arrondissement de Paris, pour découvrir les 6 lauréates. « Cette année, nous franchissons un nouveau cap en leur ouvrant des opportunités de financement et de rayonnement totalement inédites », a annoncé Delphine Remy-Boutang qui rappelle que « seulement un tiers des investissements dans l'entrepreneuriat digital est orienté vers des entreprises dirigées par des femmes ». Pour Virginie Morgon, la marraine de la JFD 2023, « l'impact des entreprises créées par ces femmes est considérable, et leur financement doit être à la hauteur des challenges qu'elles relèvent ».

Rééquilibrer les genres dans la sphère 3.0

A l'heure où l'intelligence artificielle (IA) est en train de bouleverser les usages, Delphine Rémy-Boutang souligne la nécessité de « créer des vocations féminines ». Alors que les algorithmes reflètent encore largement les sensibilités des hommes qui les conçoivent, la création de « gender datas » (données désagrégées par sexe) s'impose désormais au cœur des débats sur la parité numérique.

Sur le continent européen, les femmes ne seraient que 22 % des effectifs dans le secteur digital (contre 30 % il y a 40 ans) et leur pourcentage ne dépasserait pas 11 % dans la cybersécurité selon le cabinet McKinsey, qui estime que doubler leur proportion dans la main-d'œuvre digitale d'ici 2027 génèrerait une hausse de 260 à 600 milliards d'euros du PIB annuel de l'Europe.

Sur le continent aussi, les femmes sont minoritaires dans la Tech. Pourtant, d'après une étude conduite par Illuminates Ventures en 2019, les entreprises technologiques dirigées par des femmes auraient un retour sur investissement supérieur de 35 % à celui des entreprises dirigées par des hommes.

Pour accompagner la montée en puissance des femmes dans la Tech, la JFD ouvre son écosystème d'accompagnement et de financement des startups aux lauréates des Prix Margaret. Cette année, la CCI française au Canada leur offre ainsi un accompagnement au sein de son accélérateur « Le Transatlantique », le groupe Mastercard invite les Juniors à découvrir le programme Girls4Tech (qui a déjà formé plus de 3 millions de jeunes filles de 8 à 16 ans, dans 60 pays) et le centre de formation professionnelle et continue d'Epitech, propose à la « Margaret Intrapreneure Europe », une formation Executive MBA d'une valeur de 23 000 euros, entre autres récompenses.

Des projets féminins tournés vers l'impact

Entre FinTech, GreenTech et AgriTech, les lauréates africaines des Prix Margaret, restent résolument tournées vers l'impact. De Xaviera Kowo, la Camerounaise qui a développé un robot intelligent capable de recycler les déchets à Nneile Nkholise, la co-fondatrice sud-africaine & CEO de 3DIMO, qui automatise l'analyse des données du bétail pour surveiller la santé des animaux, en passant par Eloho Omame, la Nigériane, fondatrice de FirstCheck Africa et directrice générale d'Endeavour Nigeria, à la tête d'un fonds d'investissement axé sur les femmes : elles sont aujourd'hui 35 Alumni devenues de véritables rôles-modèles pour les nouvelles recrues. En une décennie, la Journée de la Femme Digitale (JFD) a formé 6 000 talents et accéléré plus de 500 startups en Europe et en Afrique.

« Ce prix Margaret va me permettre de gagner en visibilité », explique Nelly Chatué-Diop, la Franco-Camerounaise, co-fondatrice & CEO EJARA (Prix Margaret Entrepreneur Afrique, 2023), une application mobile qui démocratise l'accès à l'investissement et aux produits d'épargne. La JFD assure en effet, une présence-média garantie pendant toute l'année à ses lauréates et leur permet de participer à des conférences internationales. « J'ai créé Ejara en 2020 et nous sommes aujourd'hui présents dans une dizaine de pays de la zone UEMOA et de la CEMAC. Nous comptons près de 110.000 clients qui investissent dans les cryptomonnaies avec un système de portefeuille non dépositaire d'une part, et qui s'ouvrent à l'épargne, d'autre part. Pour ce faire, nous achetons des titres que nous subdivisons pour les vendre à partir de 1,5 d'euro. Aujourd'hui, des taxis-motos ou des vendeuses de tomates, investissent sur les marchés financiers », se félicite-t-elle.

 

 

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