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Pourquoi la Banque mondiale parie une enveloppe record de 300 millions $ sur l’agriculture togolaise

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 20 juin 2025
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A Lomé, le gouvernement togolais se réjouit de l’appui financier le plus important jamais accordé au secteur agricole par la Banque mondiale. Objectif : moderniser un secteur clé de l’économie, mais encore trop vulnérable.

La Banque mondiale a annoncé mercredi 11 juin à Lomé, l’octroi de 300 millions de dollars au Togo pour soutenir la modernisation de son agriculture. Cette enveloppe servira à financer la première phase du Programme de transformation agricole (ProMAT), un ambitieux plan sur dix ans, piloté par l’État togolais. Elle marque le plus important engagement du groupe de la Banque mondiale dans le pays.

Un secteur encore fragile, mais stratégique

L’agriculture reste un pilier de l’économie togolaise. Elle contribue à environ 18 % du produit intérieur brut et emploie plus de 30 % de la population active. Dans les zones rurales, elle constitue la principale source de revenus pour des milliers de familles. Mais ce secteur, malgré son poids, reste sous-équipé et peu productif. L’accès à l’irrigation, à la mécanisation ou aux financements reste limité – moins de 3 % des crédits bancaires sont dirigés vers le secteur – , tandis que les exploitants agricoles doivent composer avec les aléas climatiques.

Un plan sur dix ans, ciblé et structuré

Avec les 300 millions de dollars, Lomé veut aller vite : améliorer l’irrigation sur 7 200 hectares, promouvoir une gestion durable sur 50 000 hectares de terres, intégrer près de 340 000 producteurs – dont 114 000 femmes et 102 000 jeunes – dans les chaînes de valeur agricole, et générer pas moins de 72 500 emplois directs et indirects à travers le pays. Une montée en puissance assumée, à la mesure des ambitions affichées.

« Ce programme repose sur une approche intégrée qui mobilise les expertises complémentaires du Groupe de la Banque mondiale », a expliqué Fily Sissoko, représentant résident de la Banque mondiale au Togo. L’appui a la particularité de mobiliser trois structures du groupe de la Banque mondiale : l’IDA, la Société financière internationale (IFC) pour encourager le secteur privé, et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) pour sécuriser les investissements et faciliter l’accès au financement.

Selon l’institution de Bretton Woods, l’approche est résolument « axée résultats ». Le programme sera mis en œuvre via l’instrument PforR (Programme for Results) de l’IDA, qui lie les décaissements à des indicateurs de performance. Autre information, le programme sera piloté par l’Agence de transformation agricole (ATA), créée en 2022, avec le soutien de plusieurs ministères techniques. 

L’adhésion du secteur privé, une priorité

L’un des objectifs du programme est d’attirer davantage d’investissements privés dans l’agriculture. La SFI prévoit notamment d’accompagner les agro-industries locales et de favoriser des modèles d’agriculture contractuelle avec les petits producteurs.

« Une participation accrue du secteur privé est essentielle pour soutenir la modernisation de l’agriculture et en faire un véritable moteur de croissance », souligne Josiane Kwenda, représentante régionale de l’IFC pour le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo.

Le financement de la Banque mondiale intervient après la tenue du Forum des producteurs agricoles du Togo (FoPAT), une large consultation organisée par le gouvernement entre janvier et avril 2023. Les agriculteurs y avaient exprimé leurs attentes et leurs difficultés. « Ce programme est une réponse directe à ces préoccupations », a précisé Fily Sissoko.

Des avancées sur le plan institutionnel

Pour parvenir à décrocher cette enveloppe, la plus importante de l’histoire du pays, « le gouvernement togolais a dû convaincre ses partenaires grâce aux réformes menées ces dernières années dans le secteur agricole, mais aussi sur le plan macroéconomique », indique Sandra Johnson, ministre, Secrétaire générale de la Présidence. « Le Togo bénéficie aujourd’hui d’un bon classement sur plusieurs indicateurs suivis par la Banque mondiale, notamment en matière de gestion budgétaire, de politique de la dette, ou encore de gouvernance foncière », a-t-elle ajouté.

La ministre, également gouverneure du Togo auprès de la Banque mondiale, poursuit « Ce programme nous permettra de franchir un cap décisif dans la transformation de notre économie rurale. Le ProMAT est un accélérateur de souveraineté agricole, mais aussi un catalyseur pour l’insertion des jeunes et le développement des territoires ruraux ».

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