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Opportunités pour l'Emploi Jeune dans les Services Financiers Digitaux en Afrique

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 19 juin 2018
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Entre 10 à 12 millions de jeunes entrent sur le marché du travail chaque année sur le continent Africain. Malgré son dynamisme, le secteur privé ne parvient pas à créer assez d’emplois pour les absorber. La crise mondiale de l’emploi a aggravé la vulnérabilité des jeunes et se manifeste à travers différents facteurs : (i) un taux de chômage plus élevé; (II) des emplois de qualité inférieure pour ceux qui trouvent du travail;(iii) une plus grande inégalité sur le marché du travail entre les différents groupes de jeunes; (IV) des transitions plus longues et plus instables entre les études et le marché du travail et (v) un désintérêt accru vis à vis du marché de l’emploi.

Pendant que la pénétration des téléphones mobiles augmente, leurs prix continuent de baisser et les fintechs développent de nouveaux services, le paysage commercial change et ouvre de nouvelles opportunités d’accès et d’exploitations des données. Les Services Financiers Digitaux (SFD) ont le potentiel d’améliorer les revenus des jeunes mais, dans leur état actuel, ce potentiel est limité en terme d’échelle et de durabilité. Selon McKinsey, l’utilisation généralisée de la finance digitale pourrait stimuler le PIB annuel de toutes les économies émergentes de $3 700 000 000 000 d’ici 2025, une augmentation de six pourcent par rapport au scénario actuel. Aussi, Dalberg note que l’économie numérique peut aider à atteindre les objectifs ambitieux de l’économie mondiale qui a besoin de créer cinq millions d’emplois chaque mois pour absorber le milliard de personnes qui entrera sur le marché du travail au cours de la prochaine décennie.

Au cours des six derniers mois, MicroSave a mené une étude au Ghana, Kenya, Sénégal et Ouganda, commandée par la Mastercard Foundation, afin de comprendre les opportunités d’emploi dans les SFD. Nous avons trouvé que le potentiel de création d’emplois pour les jeunes existe dans ce secteur mais varie en échelle et durabilité selon le type de fonctions envisagées:

Emploi jeunes

1.Emploi direct: Les fournisseurs de SFD embauchent selon leurs besoins et ne ciblent pas spécifiquement les jeunes car il s’agit d’une décision d’affaires, et non d’une décision de responsabilité sociale d’entreprise. Les emplois sont généralement tenus par des diplômés universitaires récents, mais les opportunités sont limitées.

2. Emploi indirect: Les emplois liés aux SFD, comme agent propriétaire par exemple, sont généralement hors de portée des jeunes en raison d’un besoin de liquidité et monnaie électronique en continu. Les jeunes sont cependant largement représentés (ANA Uganda - plus de 50% du réseau composé de jeunes) chez les agents propriétaires des points de vente qui leur assurent un emploi précaire. En effet, les jeunes récemment diplômés, qui ne trouvent pas d’emplois correspondant à leurs compétences, prennent ces emplois comme tremplin en attendant quelque chose d’autre. Ces gestionnaires ou ces caissiers travaillent souvent sans contrat avec des revenus instables et des conditions de travail précaires.

3. Sources de revenus permises par les SFD: Les SFD peuvent être des outils qui améliorent l’accès à de nouveaux marchés, aux données, et aux produits financiers tirant parti de l’écosystème SFD. Ils contribuent à créer et à accélérer la croissance et la durabilité des sources de revenus des gens. La croissance, l’innovation et le succès de l’écosytème des Services Financiers Digitaux, peut fortement impacter sur les revenus des gens grâce à un « effet cascade.»

Une étude de KPMG sur Safaricom a relevé que 682 000 emplois directs ou indirects
ont été créés au Kenya à travers les produits et services offerts par l’opérateur télécom. Pour que tout le monde puisse bénéficier des Services Financiers Digitaux, y compris les bénéfices de «l’effet cascade», les fournisseurs de SFD doivent être aptes à développer des produits et des services de qualité qui répondent aux besoins des clients et des entrepreneurs. En 2016, le transfert P2P a représenté 69% de la valeur des transactions d’argent mobile, avec 31% provenant de cas d’utilisation plus avancés tels que l’épargne, le crédit et l’assurance.
Malgré les gains d’environ 11% de l’utilisation de produits qui pourraient conduire à un développement plus important de l’écosystème, ceux-ci sont plus faibles que ceux initialement prévu sur 5 ans.

A travers notre recherche et sur la base de notre expérience de l’industrie, il est clair que de nombreux produits de SFD et systèmes de distribution ne sont pas centrés sur le client, ne répondent pas à leurs besoins et se concentrent parfois sur des segments relativement petits de la population. En outre, notre recherche récemment commandée par la Mastercard Foundation en Côte d’Ivoire sur les produits SFD basés sur les besoins et les paiements marchands a mis en évidence que les produits de SFD disponibles sur le marché aujourd’hui ne répondent pas aux besoins des individus et des petites entreprises, qui continuent donc à utiliser des services informels. Les entrepreneurs ont bien un téléphone mobile et un accès à Internet, mais seule une minorité d’entre eux utilise leur téléphone comme outil d’affaires, suggérant que les fournisseurs n’ont pas encore pensé à offrir une proposition de valeur adéquate pour ces PMEs.

Le rapport de l'état de l'industrie de GSMA pour 2017 souligne que 49,1% du continent africain a un compte mobile. Ce vaste pool de clients offre de nombreuses possibilités de création d'emplois et de développement de produits et services afin de répondre aux besoins des marchés locaux. Comment pouvons-nous améliorer les compétences numériques et entrepreneuriales pour que les jeunes aient les outils et les compétences nécessaires afin de diriger, avoir accès à des emplois ou devenir des travailleurs autonomes?

Etude PEA- Emploi Jeunes

Selon le rapport sur les perspectives économiques en Afrique (PEA), 22% de la population Africaine en âge de travailler créée de nouvelles entreprises, ce qui est le taux le plus élevé du monde. Le PEA recommande des politiques de soutien à la création d’entreprises en améliorant les compétences, développant les pépinières d’entreprises et facilitant l’accès aux financements.

Dans tous les marchés, les employeurs interrogés lors de nos recherches ont noté un décalage entre les compétences acquises et celles requises par le marché du travail.
Il faut investir dans l’éducation afin de s’assurer que les jeunes soient bien préparés, avec les compétences demandées par le marché du travail y compris la culture numérique.

Le montant investi dans le renforcement de capacités des jeunes, en particulier leur éducation et leurs compétences, permettra de déterminer si l’Afrique est capable de tirer profit du boom démographique plutôt que de courir le risque de s’exposer à une bombe à retardement démographique.

Les politiques rapprochant l’emploi et le système éducatif doivent être la nouvelle norme pour combler les lacunes dans la préparation à l’entrée sur le marché du travail et les compétences doivent être considérées dans une approche plus globale.
Nous voyons une grande opportunité à travailler avec le secteur privé et pour les gouvernements à développer des programmes d’études axés sur la demande tout en encourageant la création et l’innovation par les jeunes.
Nos recherches ont indiqué que la plupart des jeunes aspirent à travailler pour de grandes entreprises, socialement perçues comme une source stable de revenus et comme un indicateur de passage à l’âge adulte.
Beaucoup de jeunes aspirent à avoir des emplois de « cols blancs » dans ces grandes entreprises parce qu’elles sont prestigieuses et de bonnes réputations. Ils ont toutefois peu de connaissances sur les Services Financiers Digitaux et les possibilités d’emplois indépendants. Beaucoup de jeunes prennent des emplois liés aux Services Financiers Digitaux comme tremplin vers un autre travail ou dans le cadre de stratégies de diversification des revenus.

Un nouvel ensemble de modèles d’affaires explose à travers l’Afrique subsaharienne conçu par des entrepreneurs qui s’attaquent à des gaps du marché et à des frictions des acteurs.
Ils rassemblent une variété d’acteurs-secteur privé et public, grands et petits-autour des besoins spécifiques des consommateurs, et formant un «écosystème basé sur les besoins» pour capturer la valeur qui a précédemment été mal exploitée, si ce n’est pas impossible à réaliser. Les écosystèmes digitaux et l’entrepreneuriat sont essentiels à la croissance et à la création d’emplois. Il faut mettre l’accent sur le savoir-être et le savoir-faire, améliorer la sensibilisation des jeunes sur les emplois et les gains, et les préparer à développer des compétences fondamentales pour s’assurer que l’entrepreneuriat dans les SFD conduit la création d’emplois supplémentaires.

Grâce à la création d’un environnement propice au travail indépendant et aux petites entre- prises, ainsi qu’une révision des programmes d’enseignement et formation techniques et professionnels (EFTP) pour s’assurer qu’ils sont liés au secteur privé et à leurs besoins, les jeunes africains seront mieux préparés à l’ère du numérique et pourront créer des emplois pour eux-mêmes et pour les autres.

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