Malgré un fort potentiel en énergie solaire et hydroélectrique, Madagascar peine à élargir l’accès à l’électricité et aux cuissons propres. L’un des freins identifiés dans ce domaine est l’exclusion financière des femmes, pourtant considérées comme des actrices centrales de la transition énergétique.
Un diagnostic conjoint de la Banque africaine de développement (BAD) et des Fonds d’investissement climatiques (FIC) révèle que la transition énergétique à Madagascar est freinée par une exclusion financière systémique. Ce blocage, qui touche particulièrement les femmes, limite le développement du secteur et empêche le pays d’exploiter pleinement son potentiel.
Sur l’île, moins de 5 % des femmes âgées de 15 à 49 ans possèdent un compte bancaire. Leur accès au crédit se limite à des solutions informelles ou à des microcrédits à des taux d’intérêt pouvant atteindre 36 % par an. Cela rend quasi impossible le financement de kits solaires, de réchauds propres ou d'activités liées à l'énergie. Pourtant, selon le document, ces femmes passent chaque jour 22 minutes à collecter du bois, un temps perdu pour l'éducation ou le travail rémunéré.
Leur expertise en fait pourtant les meilleures ambassadrices de la transition. Le programme Barefoot College a d’ailleurs formé 120 ingénieures solaires rurales qui ont électrifié 1 850 foyers. Mais moins de 5% ont pu créer une entreprise durable, faute de capital pour acheter des panneaux en gros.
Ce blocage est d’autant plus préoccupant que le pays dispose d’un fort potentiel en énergies renouvelables, avec 2 000 kWh/m²/an en solaire et 7 800 MW en hydroélectricité, dont seulement 4 % sont exploités. Le développement de 1 000 mini-réseaux solaires est notamment prévu pour étendre l’accès à l’électricité dans les zones isolées, mais leur succès dépendra en grande partie de la capacité à mobiliser les femmes autour de ces solutions.
Financer les femmes pour accélérer l’accès à l’électricité et à la cuisson propre
Le rapport recommande de lever ces obstacles en mettant en place un cadre de prêt sensible au genre, garantissant entre 20 % et 30 % des investissements féminins dans les projets énergétiques. Il préconise aussi de développer des produits financiers adaptés, adossés à des portefeuilles de paiements mobiles, afin de contourner le manque de garanties physiques. Il insiste en parallèle sur le renforcement des compétences techniques des femmes grâce à des formations spécialisées à l’installation, à l’exploitation et à la maintenance des mini-réseaux solaires et des systèmes hydroélectriques de petite taille.