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Les startups africaines touchées par la crise mondiale du capital-risque

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 26 juin 2023
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L'euphorie de l'année 2021 dans le petit monde du capital-risque a laissé place à une crise majeure, sur fond d'incertitudes géopolitiques. Longtemps épargnées, les startups africaines ont fini par être impactées par ce bouleversement qui a provoqué le retrait massif des fonds américains. L'heure est à l'aggiornamento des acteurs du venture capital.

Jusqu'au début de l'année 2023, l'Afrique allait à contre-courant de la tendance baissière de l'écosystème mondial du capital-risque qui enregistrait une chute de l'ordre de 35 %. Partech Africa indiquait un doublement de la croissance des fonds de capital-risque sur le continent et le triplement en volume des investissements. L'Afrique affichait sa résilience.

Le montant des venture capital (VC) en Afrique en 2022, avait atteint 5,2 milliards de dollars, « soit toujours moins de 1 % de l'investissement des fonds à l'échelle mondiale », constate néanmoins Farès Belghith, CEO de Kamioun (une marketplace tunisienne destinée aux commerçants de quartier). Récompensé par les groupes Orange et Huawei en 2022, Farès était sur le pied de guerre, dès l'ouverture de Vivatech, le grand raout de la tech parisienne qui s'est tenu du 14 au 17 juin derniers. L'entrepreneur cherche à lever 650.000 euros pour développer ses activités, mais depuis quelques mois, la tendance s'est inversée et les investissements ont brutalement chuté.

« Nous enregistrons une croissance et un chiffre d'affaires trois fois plus importants qu'il y a deux ans, mais c'est bien plus difficile de lever des fonds. De plus, les montants sont beaucoup moins importants », déplore le jeune tunisien.

Sidy Niang qui affiche 20 % de croissance mensuelle avec sa startup MAAD, se retrouve confronté aux mêmes difficultés. « La crise du venture-capital qui a d'abord touché les États-Unis a fini par se répercuter sur le continent et impacte aujourd'hui nos activités », 

 observe l'ingénieur sénégalais, à l'origine d'une marketplace qui génère pourtant un chiffre d'affaires mensuel de 1,3 million de dollars, après deux ans d'existence.

Un vaste mouvement de retrait des fonds américains

Après douze ans de croissance continue, le secteur du capital-investissement a enregistré un «  brusque retournement de situation au deuxième semestre 2022 », indique le cabinet Bain & Company dans son rapport annuel. « Depuis plus d'un an, la crise du capital-risque qui touche les États-Unis, a provoqué un reflux des capitaux, en particulier au niveau des acteurs américains qui représentaient plus de 60 % des fonds investis dans la tech africaine », explique Christophe Viarnaud, CEO de Methys et fondateur d'AfricArena, depuis le Cap (Afrique du Sud).

« Le début de la décélération a commencé à se faire sentir fin 2022. Au 1er trimestre 2023, avec les retraits d'acteurs comme Tiger Global ou Sequoia Capital, les levées de fonds des startups africaines ont chuté d'environ 50 % », ajoute-t-il. «. Parallèlement, Launch Africa Ventures qui est le plus important fonds de venture capital early stage en Afrique (avec plus de 130 transactions en 2021 et 2022, ndlr), est lui-même en train de lever son second fonds et ne peut donc pas investir en ce moment (...) Simultanément, les startups africaines ont enregistré une décote comprise entre 20 % et 40 % », détaille l'expert en capital-risque.

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