La BCEAO déploiera dans 2 mois la PI-SPI, un système régional de paiement en temps réel. Ce système connectera banques, fintechs, microfinances et opérateurs de mobile money sur une même interface, avec pour objectif des transactions immédiates, sécurisées et accessibles dans toute l’UEMOA.
La BCEAO va officiellement lancer le mardi 30 septembre 2025 une plateforme interopérable de système de paiement instantané (PI-SPI). Cette initiative connectera toutes les institutions financières agréées de l’UEMOA, notamment les banques, les fintechs, les institutions de microfinance et les opérateurs de monnaie électronique, à une infrastructure unique.
L’objectif est de rendre les paiements plus accessibles, plus rapides et compatibles entre tous les acteurs, peu importe le canal utilisé (compte bancaire, mobile money ou portefeuille électronique). Le lancement prochain de la PI-SPI contribuera ainsi à unifier l’écosystème de paiement en Afrique de l’Ouest, actuellement fragmenté entre divers types de structures.
Objectif : accélérer et élargir les possibilités d’échanges
La PI-SPI repose sur un mécanisme de switch centralisé permettant d’interconnecter les institutions financières, afin qu’elles puissent échanger entre elles sans avoir à recourir à des passerelles spécifiques pour contourner les obstacles d’incompatibilité. Grâce à cette plateforme, plusieurs opérations seront désormais possibles.
Parmi elles, les transferts instantanés entre comptes bancaires et portefeuilles mobiles, les paiements entre différents réseaux mobiles, les paiements marchands automatisés, les paiements de salaires ou aides sociales en temps réel. Jusqu’ici, les transferts interbancaires dans la région pouvaient mettre entre 48 et 72 heures. Avec le PI-SPI, ces opérations seront exécutées de manière quasi-instantanée.
Impacts, enjeux et limites
À part l’accélération des transactions de tous types qui se feront en temps réel, 24h/24 et 7j/7, et l’interopérabilité entre institutions financières, la mise en œuvre de la PI-SPI présente d’autres avantages concrets pour l’écosystème financier ouest-africain. Il y a la réduction des frais de transaction qui devraient baisser pour les utilisateurs finaux, l’inclusion financière pour les populations non bancarisées qui pourront utiliser ces services à partir d’un simple téléphone mobile, et la stimulation de l’innovation, les banques et fintechs ayant un nouveau cadre pour développer des offres plus adaptées.
Plusieurs défis devront néanmoins être relevés. Parmi eux, les processus d’intégration qui pourraient contraindre les établissements à adapter leurs systèmes informatiques d’opérations, et les risques de cyberattaques toujours plus nombreux à l’ère de l’IA. Par ailleurs, certains services traditionnels de transfert d’argent pourraient voir leurs revenus baisser avec une migration massive des utilisateurs vers des canaux interopérables plus rapides et moins coûteux. Les intermédiaires financiers qui tirent profit des inefficacités du système actuel pourraient ainsi voir leurs marges réduites.