La cryptomonnaie qui a connu un boom durant ces derniers jours intéresse de plus en plus le secteur Bancaire . Ce qui a poussé la BCEAO a des réflexions pour une possible émission de monnaie digitale.
La révélation a été faite par Gisèle Keny Ndoye, directrice de l’inclusion financière au sein de la BCEAO qui informe que « Cette question est sur toutes les tables des banques centrales, à la BCEAO nous en sommes à des réflexions préliminaires sur cette question »
Selon Mme Ndoye, la BCEAO veut se donner le temps de faire des recherches sur cette nouvelle donne dans le système financier international et voire comment on peut l’adapter dans le cadre de la sous-région UEMOA. Les raisons de lancer une monnaie digitale en Afrique de l’ouest, tout comme dans de nombreux pays africains, sont nombreuses.
D’une certaine façon, les conditions d’un lancement réussi d’une monnaie digitale sont déjà réunies dans la sous-région. Selon des données de la Banque centrale de cette sous-région, le taux d’accès des populations à la monnaie électronique, émises à travers les opérateurs de téléphonie mobile notamment, est passé de 11,1% en 2014, à 39,6% à la fin 2019. Ce seuil était déjà en avance sur le taux cible qui était de 37,7% pour la fin de l’année 2020.
Aussi, à la fin juin 2020, 98 millions de transactions ont été opérées sur la monnaie électronique, pour une valeur globale de 1619,4 milliards de francs CFA. Manipuler des unités monétaires sur son téléphone portable et le système de support qui va avec, est une réalité qui se renforce dans la zone UEMOA et cela constitue des préalables positifs pour l’émission de monnaie digitale.
Mais pour y parvenir, il y a tout un processus. Si des pays comme la Chine, ou encore la Suède, sont en phase de test de leur monnaie digitale émise par les banques centrales, le projet est encore en réflexion aux Etats-Unis et même en France. Selon des informations de l’Agence Ecofin, des banques comme la nigériane United Bank for Africa, seraient favorables à cette option, et encouragent les autorités monétaires dans ce sens, en Afrique centrale ou de l’est.
De même, la monnaie digitale viendrait résoudre un phénomène bien connu dans la zone UEMOA et en zone CEMAC sous le prisme de l’exclusion monétaire.
Des experts ont fait remarquer que, lorsqu’un usager entre dans une banque, il effectue souvent ses retraits, dans des coupures qui vont de 5000 Francs CFA à 10 000 Francs CFA.
Cela ne facilite pas toujours les achats auprès de petits vendeurs, qui n’ont pas le change pour des achats à 200 Francs ou à 500 Francs. Avec la monnaie digitale ce problème serait évacué, et davantage de petits travailleurs entreront dans le circuit financier.
Enfin, l’émission d’une monnaie digitale serait un pas de plus vers la souveraineté monétaire qui est demandée par une partie des opinions publiques de l’UEMOA, car la sous-région n’aurait plus besoin de produire ses insignes monétaires à la Banque de France, mais localement à travers les institutions habilitées. Cela permettrait de réduire également les coûts de la circulation d’argent. En 2018 et 2019 la BCEAO a dépensé près de 74 milliards de FCFA à cet effet.
Mais la mise en place d’une monnaie digitale peut se heurter à des défis. Selon Mme Ndoye, il faudrait déjà que les Etats soient au même niveau de dématérialisation et de digitalisation. De nombreuses analyses s’accordent à dire que les avancés en termes de numérisation impliquent de prendre conscience de nouveaux risques comme ceux de la cybersécurité. Une parfaite maitrise des technologies de blockchain sera également déterminante.