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Commerce : « L’Afrique doit produire et exporter beaucoup plus de technologies »

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 01 fév 2023
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LA TRIBUNE AFRIQUE - Face aux chocs et bouleversements mondiaux,  le continent africain doit en même temps booster son commerce en interne, sa participation au commerce mondial (3%), développer ses industries afin d'éviter d'être à court de produits comme pendant la crise sanitaire et au début du conflit russo-ukrainien, tout en s'adaptant aux changements climatiques. Cette équation à plusieurs variables est-elle solvable ? Comment établissez-vous le lien entre tout cela ?

YUVAN BEEJADHUR - En matière de commerce, l'Afrique était déjà sur une certaine trajectoire bien avant l'arrivée de la Covid-19. Il y a eu par exemple le plaidoyer d'Afreximbank pour améliorer le commerce intra-africain et la vision présentée par l'Union africaine...  Le continent a été vulnérable aux grands changements mondiaux -suite justement à la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. C'est justement pour inverser cette tendance que les initiatives se multiplient, avec en toile de fond l'urgence climatique. Or parler de commerce avec le reste du monde, introduit le transport maritime. Et face aux changements climatiques, le shipping changera aussi bien que ce que produisent les pays. La Tanzanie produit et exporte aujourd'hui des avocats, mais rien ne garantit qu'ils puissent toujours aussi aisément le faire demain. Il faut repenser le secteur agricole qui produit également pas mal de gaz à effet de serre [GES], afin de l'adapter aux changements du climat, parce qu'il y aura plus de sécheresse, plus de cyclones, plus de changements tropicaux. De même, les îles africaines, aujourd'hui, accueillent beaucoup de touristes. Mais demain, comme on l'a vu au Pakistan, cela peut changer d'un jour à l'autre. Et ce, en raison des changements climatiques. Selon la Banque mondiale, Maurice, à titre d'exemple, perdrait au cours des prochaines quarante années, 7% de son PIB uniquement à cause des cyclones. Il y a des statistiques similaires pour différents pays du continent. Ces pertes représentent des sommes considérables. Mais le commerce peut aider à réduire ces coûts.

De quelle manière ?

Cela peut se faire si les pays africains arrivent à produire et commercialiser beaucoup plus les technologies d'aujourd'hui et de demain. En matière de ports par exemple, on a besoin maintenant des Green Ports. Ce sont des technologies à développer. Pour cela, il faut aussi travailler sur les questions de propriété intellectuelle, tout comme les vaccins. Ce que nous avons vécu pendant la crise sanitaire nous enseigne. Plusieurs pays africains avaient de l'argent pour se procurer des vaccins, mais les pays exportateurs qui concentraient la production (Inde, Chine, Europe, États-Unis) avaient décidé du jour au lendemain de mettre des restrictions à l'approvisionnement. Résultats : les pays africains ont dû attendre avant de pouvoir acheter des vaccins et nous savons ce qu'a été la suite. Même s'il y a eu une générosité de la part des pays producteurs de vaccin pour soutenir le Covax facility, entre-temps, des familles ont été dévastées par les décès enregistrés en raison de la propagation du coronavirus. Il ne faut pas que ce scénario se reproduise pour la nourriture.

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