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Comment améliorer l'accès au financement des MPMEs en Côte d'Ivoire?

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 24 nov 2021
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Par Carine Gondo et Parfait Aho Seka , Novembre 2021

accesFinancementDans son livre, le risque du crédit bancaire paru en 1967, Charles Petit-Dutaillis disait : « faire crédit, c’est faire confiance… » . Et cette confiance, les MPME Ivoiriennes ne semblent pas l’avoir encore gagné auprès des institutions financières. Selon Béatrice Amoikon, directrice du Collectif national des Centres de gestion agréés (CnCga), les besoins de financement des PME  accompagnées par le CnCga s’élèvent à environ 40 milliards de FCFA.

 

Pourquoi ces MPME qui représentent le poumon de l’économie ivoirienne se voient-elles refuser l’accès au financement? 

Représentant 98% des entreprises en Côte d’Ivoire, les Micro, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) sont indispensables au développement économique et à la création d’emplois. Si le gouvernement de Côte d'Ivoire a mis en place le centre de promotion des investissements (CEPICI) en 2012 pour faciliter les démarches administratives et susciter les investissements, toutes les MPMES ne l’exploitent pas de façon optimale. Pour se développer et financer leurs activités, elles ont besoin  de crédits pour lesquels plusieurs documents administratifs et garanties sont sollicités. 
Les MPME ne disposent généralement pas des connaissances et des ressources nécessaires pour se conformer aux demandes des banques. Une autre raison à l'origine de cette lacune est le défi réglementaire consistant à protéger les institutions financières et à attendre des clients qu'ils répondent à certains critères, ce qui fait qu'il est difficile pour les institutions financières de répondre à la fois aux exigences réglementaires et à celles des MPME.

En effet, le crédit est basé sur la confiance, le temps et le remboursement. Il renferme des risques qui évoluent  en même temps que la solvabilité de l’emprunteur qui peut se dégrader dans le temps. Et ces risques, peu d’établissements financiers veulent les prendre auprès de MPME qui n’ont pas encore fait leurs preuves.  L’expression “On ne prête qu’aux riches'' résonne d’autant plus.

S’ajoute aux points énumérés plus haut l'absence de traçabilité et de visibilité dans le développement des activités, la comptabilité imprécise avec la difficulté de fournir des états financiers fiables, les achats et ventes en majorité par cash  souvent sans factures ou reçus, qui  ne permet pas d’évaluer les MPME. De plus 70% des MPME sont des activités de subsistance où  la pérennisation n’est pas une priorité.

Les banques et institutions financières de crédit s’appuient sur les données et perspectives de l’entreprise pour évaluer la capacité à faire face à un financement. L’absence de formalisation, de données sur l’existant et de prévisions futures documentées sont des véritables contraintes à l’analyse même d’un dossier de financement. L’activité de crédit est très contrôlée, dans le but de minimiser les risques de défaillance des emprunteurs.  

Comment créer cette confiance pour que les banques croient en ces MPME?

De nombreuses opportunités peuvent découler de la résolution de ces défis :

  1. En accompagnant les MPME à formaliser leur activité, facilitant l’accès aux  documents juridiques, stratégiques, commerciaux, ou financiers  (statuts, registre de commerce, déclaration fiscale d’existence, le business plan, les états financiers, plan de trésorerie, etc). Par exemple, Fin’ELLE, une institution financière dédiée aux femmes en Afrique,  a connu une belle success story en offrant un accompagnement avant de faire le financement qui s’est révélé être le combo gagnant. En effet, une dame propriétaire d’une entreprise de sécurité, qui avait avec elle tout ce qui était registre de commerce,  et DFE mais pas d’attestation de régularité fiscale. Son entreprise marchait, mais elle n’avait formalisé aucun contrat de prestations, aucune documentation n’existait, donc Fin’ELLE l’a accompagné dans la formalisation de ses contrats, la domiciliation de ses paiements, et lui a offert un accompagnement. Résultat le CA de cette MPME est aujourd’hui compris entre 7 et 10 Millions de FCFA par mois et a remarqué qu'après avoir formaliser ses contrats ses clients paient même mieux maintenant qu’elle a formalisé ses contrats. 
     
  2. De leur côté, les institutions financières devraient mieux prendre en considération les défis de ces MPMEs afin de leur faciliter l'accès au crédit. Jumo, une Fintech, a développé des produits offrant des crédits aux PME qui n'ont pas d'informations historiques à partager. JUMO a commencé à construire les dossiers à partir de zéro, en examinant leur évaluation fiscale pour déterminer l'accessibilité financière, et en examinant le type de marchandises qu'elles vendent, si elles sont périssables ou non. JUMO a également examiné la documentation et l'enregistrement acceptables exigés localement, ainsi que les seuils fixés pour la prise de risque dans le cadre des limites et de la politique de crédit. Les Fintechs, en tant que partenaires, peuvent contribuer à combler ce fossé, mais plusieurs défis restent à relever pour développer le cadre et la législation nécessaires aux Fintechs.
     
  3. Accompagner les MPME dans la bonne tenue de leur comptabilité. Suivre ses comptes et opérations dans de bonnes conditions peut s'avérer onéreuse pour les MPME, mais elle est indispensable pour fournir des informations financières correctes qui sont utilisées dans l’analyse de crédit. Dans certains pays, des centres de gestion agréés ont été mis en place pour apporter une assistance aux MPME sur leur organisation et la gestion de l’entreprise, sur la comptabilité  et fiscalité. Cette assistance permettra aux MPME de disposer d’outils capables de retracer la vie de lors organisation et d’avoir un plan d’investissement plus clair. 
     
  4. Digitaliser les opérations. Avec la COVID-19, il est devenu de plus en plus impératif de digitaliser l’ensemble de ses activités.  Le digital permet de garder des traces pour toutes les opérations et donc de prouver ses activités. La digitalisation est aussi un énorme gain de temps et d’argent. Il permet de travailler à distance, plus longtemps, payer et recevoir des paiements en ligne..  Vous pouvez travailler plus longtemps et à distance. Vous pouvez vendre en ligne et recevoir des paiement en ligne. Des marketplace et des activités digitales existent et ou se sont développées pour permettre à des commerçants indépendants d’offrir leurs services à un marché plus vaste et à tout heure.  Ces commerçants peuvent aussi recevoir des paiements directement sur les sites grâce à des agrégateurs de paiement avec des coût d’intégration négligeables. D’autres plateformes offrent la possibilité de payer ces factures en ligne afin de toujours garder une trace qui aide à avoir une situation précise de l’organisation. Mais cette transformation digitale ne se fait pas sans risques et doit être encadrée.
     
  5. Disposer de garanties solides 

Chaque crédit octroyé constitue un risque pour la banque. Elle a donc besoin de se protéger contre tout risque d’incapacité de l’emprunteur à faire face à ces engagements. L’utilisation des garanties consenties doit être susceptible d’assurer un niveau de récupération plus élevé des fonds prêtés. Plusieurs critères rentrent en ligne de compte dans la détermination des garanties ( le risque de transaction, les garanties disponibles et leur valorisation, les coûts de mise en place des garanties, le degré de risque acceptable, la qualité et l’importance stratégique de la relation avec le client, la rémunération désirée pour les fonds prêtés). La mise en place du fonds de garantie des crédits aux PME (FGPME) est de nature à faciliter l’accès au crédit.

Le chemin est long, mais des initiatives se mettent en place afin d’accompagner les MPME à gagner la confiance des institutions financières.  Les organisations professionnelles dédiées aux PME peuvent aider à cela à travers des activités de promotions des services offerts, ou de formations à destination des entrepreneurs par exemple. En terme d’éducation financière, des plateformes mettent à disposition des modules de formations ou des contenus d’éducation financière et entrepreneuriale, comme on en retrouve sur le Hub de la Finance Digitale de MicroSave afin d’apporter des éléments à ces MPME qui leur permettra d’accéder à des financement.

Ensemble, institutions financières et gouvernement, en mettant en place un vrai dispositif d'accompagnement aux MPME, des garanties qui fonctionnent, avec des conditions de financement adaptées, faciliteront l’accès aux crédits des MPME et permettront un meilleur développement des activités et créations d’emplois.

 

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