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Afrique : la numérisation de l’économie source de croissance post-COVID-19

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 15 fév 2021
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La riposte à la crise du COVID-19 est l’occasion d’accélérer la numérisation de l’Afrique pour surmonter la pandémie et créer davantage d’emplois productifs, selon l’édition 2021 des Dynamiques du développement en Afrique (DDAf)

La pandémie de COVID-19 est le choc le plus violent qu’aient subi les économies africaines en 25 ans. En 2020, le produit intérieur brut (PIB) a reculé dans 41 pays, ce qui n’avait été le cas que dans 11 pays en 2009 lors de la crise financière mondiale. Or, lorsque la crise actuelle est survenue, les gouvernements africains disposaient de moins de ressources financières que lors de la précédente crise : sur la période 2010-18, les recettes intérieures par habitant ont régressé de 18 %, et les flux financiers extérieurs par habitant de 5 %.
Entre 2014 et 2018, en dépit de réformes fiscales importantes, les ratios recettes fiscales/PIB stagnaient déjà à 16.5 % dans 30 pays d’Afrique. Entre 2019 et 2020, les recettes publiques devraient se contracter encore d’environ 10 % dans au moins 22 pays africains. L’épargne nationale totale pourrait quant à elle chuter de 18 %, les envois de fonds des travailleurs émigrés de 25 % et l’investissement direct étranger de 40 %.

480 millions de comptes de paiement mobile en Afrique

Dans ce contexte, le secteur numérique, en plein essor en Afrique, offre aux gouvernements une occasion d’aider à impulser un nouveau cycle de croissance post-COVID-19, selon le rapport. En favorisant la diffusion des données et technologies numériques et l’interconnexion dans tous les secteurs, à commencer par les soins de santé, les pays africains peuvent accélérer la transformation de leurs économies et la création d’emplois productifs, dans le droit fil des aspirations qu’incarne l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
En l’espace de seulement dix ans, la capacité totale de la bande passante internationale entrante de l’Afrique a été multipliée par plus de 50 ; le réseau opérationnel de fibre optique couvre une zone 4 fois plus étendue ; le nombre d’abonnés à la téléphonie cellulaire mobile a plus que doublé ; et environ 58 % de la population vivent désormais dans des zones couvertes par la 4G. On dénombre en Afrique plus de 480 millions de comptes de paiement mobile, plus que dans toutes les autres régions en développement réunies. Plus de 500 entreprises africaines proposent des innovations technologiques dans le domaine des services financiers (fintech). La valorisation de certaines start-ups africaines dépasse le milliard USD. Plus de 640 technopoles sont actives sur le continent.

Coût trop cher de la connexion

Au-delà du développement des infrastructures numériques, les « success stories » du numérique demeurent toutefois exceptionnelles. Les innovations ne se répercutent guère dans l’économie réelle et ne créent pas suffisamment d’emplois. Seulement 26 % des habitants des zones rurales utilisent régulièrement l’Internet, contre 47 % en milieu urbain. Dans 37 pays d’Afrique, plus de 50 % de la population ne peuvent pas assumer le coût d’1 Go de données mobiles par mois. Seulement 31 % des entreprises africaines ont leur propre site web.

Le rapport recommande aux pouvoirs publics d’accélérer la transformation numérique et la création d’emplois dans l’ensemble des secteurs économiques au moyen de quatre actions :

4 moyens d’agir

· Promouvoir la diffusion des innovations numériques au-delà des grandes villes. Seulement 35 % des villes intermédiaires sont connectées à des réseaux de fibre optique terrestres. Leur connexion peut avoir un effet multiplicateur notable, puisque 73 % des Africains vivront dans des villes intermédiaires et des zones rurales d’ici 2040.

· Investir dans le développement des compétences de la main-d’œuvre africaine et offrir une protection sociale aux collaborateurs mobiles (iWorkers) du secteur informel. Des enquêtes récentes montrent que nombre de ces collaborateurs mobiles reçoivent une rémunération sans aucune prévisibilité et inférieure au salaire minimum national, et qu’ils ne bénéficient pas des normes de conditions de travail qui existent dans l’emploi formel. Il est donc essentiel d’élargir les systèmes de protection sociale et de les adapter à cette nouvelle réalité pour remédier à la vulnérabilité de ces travailleurs.

· Éliminer les obstacles qui empêchent les petites entreprises de soutenir la concurrence et de prospérer à l’ère du numérique. Le financement en capital-risque des start-up africaines a été multiplié par sept entre 2015 et 2019, mais l’écosystème du financement des entreprises demeure fragile et inadéquat. Cinq villes seulement — Le Cap, Lagos, Johannesburg, Nairobi et Le Caire — abritent la moitié des start-up les plus dynamiques.

· Actualiser les réglementations et les harmoniser aux niveaux régional et continental. À ce jour, seulement 28 pays d’Afrique se sont dotés d’une législation de protection des données personnelles, et 11 pays ont adopté des règles juridiques de fond sur la cybercriminalité.

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