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Comment atteindre plus de personnes exclues dans des zones rurales au Togo?

posté par Le Hub de la Finance Digitale , le 16 juil 2018
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“Toute institution de microfinance qui ne se met pas à l’ère de la digitalisation sera laissée en rade d’ici quelques années.” --Mamadou Gueye, DG Caurie

Selon la banque mondiale, le Togo a enregistré une progression de son taux d'inclusion financière remarquable entre 2014 et 2017 en devançant des pays comme la Côte d'Ivoire, Madagascar, le Tchad ou le Mali. En Afrique subsaharienne, la proportion de personnes de plus de 15 ans utilisant un service financier formel a presque doublé en 2017 (de 23% en 2011 à 43% en 2017), ce chiffre est passé de 18% à 45% au Togo.  En effet les résultats de l’enquête sur la demande des services financiers au Togo publiés par Finscope en 2016 ont révélés que cette augmentation est due principalement à l’introduction des services financiers  mobiles de Moov en 2013 qui représentent selon la même étude 24% des plus de 15 ans.  Ce dernier taux doit être certainement supérieur depuis l’arrivée de T-Money en octobre 2016.

L’usage est également en croissance et le rapport publié par la BCEAO en 2016 fait ressortir que le Togo détient le taux d’activité le plus élevé de l’UEMOA, avec des services innovants de deuxième génération comme lépargne mobile lancée en Mai 2016 par la Poste et de troisième génération avec le projet d’électrification rurale par le biais de porte monnaie électronique.  De cette étude, il ressort cependant qu’il existe des disparités et des leviers sur lesquels il faudrait agir pour permettre une inclusion plus large de la population. En effet il apparaît  que 42% des 15 ans et plus utilisent d’autres produits et services formels non bancaires et que 40% sont totalement exclus.

Dans le cadre de l’initiative Microlead de l ’UNCDF du secrétariat d’état en charge de l’inclusion financière, nous avons organisé en Mai 2018 un atelier sur le digitalisation des services financiers. “Notre attente est de voir bouger les lignes en matière de digitalisation pour un meilleur développement de la bancarisation au Togo”, a déclaré à l’ouverture de l’atelier, Madame Mazamesso ASSIH, Secrétaire d’État auprès du Président de la République, chargée de l’Inclusion Financière et du Secteur Informel.

Le  développement du mobile money en Afrique au cours de ces dernières années montre que les services financiers mobiles constituent des leviers pour l’inclusion financière et tous les acteurs de l’écosystème financier étaient représentés  majoritairement par les Institutions de microfinances, les banques commerciales, la banque centrale,  les opérateurs de téléphonie mobile et régulateurs. L’atelier était axé sur les services financiers digitaux au bénéfice de l’inclusion financière en général et les avantages des réseaux d’agents en particulier.  Tous les aspects du déploiement de réseau d’agents ont été évoqués, de la constitution à la formation puis la rémunération et les risques. 

La décentralisation des unités et des procédures est souvent présentée comme fondamentale pour offrir des services financiers de proximité et adaptés au contexte socio-économique des populations rurales jusqu’alors exclues financièrement.  Pour que les IMFs puissent rester compétitives, elles doivent faire face à quelques contraintes :

  • Contraintes techniques : la majorité des IMFs ne disposent pas de Système d’Information et de Gestion centralisé et rencontre une problématique d’interconnexion des points de service avec le siège (toutes les agences doivent être interconnectées afin d’éviter les écarts comptables). Aussi, le système doit être évolutif et ouvert aux nouvelles technologies.
     
  • Contraintes financières : Les services financiers digitaux sont coûteux et le déploiement des réseaux d’agents demandent du temps et de l’argent. Des partenariats avec les réseaux d’agents des opérateurs de transferts d’argent et des opérateurs de mobile money peuvent accélérer le recrutement et la formation des agents. Il est indispensable de disposer d’un réseau d’agents dense, actif et flexible pour régler les difficultés d’accès à la finance en zone rurale.
     
  • Contraintes humaines : les services financiers digitaux sont nouveaux et exigent des compétences  spécifiques et pointues qui peuvent faire défaut aux IMFs.

Pendant l’atelier une discussion clé a porté sur le déficit d’accès des populations aux services financiers formels sachant qu’une bonne partie des populations vivent en zones rurales (60%). En effet, les représentants des institutions de microfinance ont déploré qu’en moyenne 80% de leurs clients sont composés de personnes à faible revenu et isolées.

Une réflexion a donc été menée sur l’accès de ces populations aux services financiers et  les participants sont arrivés à la conclusion que la finance digitale recèle un énorme potentiel du point de vue de l’inclusion financière et l’accès des populations rurales aux services de base ( Dépôt, Retrait) sachant que selon l’étude Finscope,  80% des adultes togolais disposent d’un  téléphone portable et que 35% des agents mobile money sont à moins de 30 minutes des populations rurales. 

La digitalisation peut contribuer à favoriser l’inclusion financière. Cependant, il est important de développer un bon “business model”, qui doit intégrer évidemment des problématiques technologiques, mais aussi opérationnelles, marketing, d’écoute et d’expérience client.  L’inclusion financière est à portée de main mais il faut apprendre à travailler avec les régulateurs, des partenaires technologiques et savoir externaliser des services financiers auprès de réseaux d’agents. 
Etes-vous prêts à saisir cette opportunité?

 

Cheikh Ndaiye et Leleng Tchangai

 

 

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